Vous commencez à mieux la connaître, la Tortue Cistude est une espèce protégée présente sur notre territoire. Pourtant une menace la guette : la Tortue de Floride. Mignonnes et attirantes lorsqu’elles sont jeunes, elles grandissent vite, ont une espérance de vie longue et leurs propriétaires se retrouvent souvent dépassés. Ainsi, chaque année, de nombreux spécimens de cette Espèce Exotique Envahissante (EEE) sont relâchés dans la nature. Un scénario catastrophe pour notre Cistude ! Explications.
La Cistude, une capiséroise comme les autres !
La Cistude d’Europe (Emys orbicularis) est une espèce patrimoniale reconnue et protégée au niveau national. Nous avons la chance qu’elle soit encore présente sur notre territoire CAPI.
On la reconnait à sa carapace verte et marron de couleur sombre qui ne dépasse pas 20cm de diamètre, mais surtout sa tête et son cou sont mouchetés de jaune.
Cette espèce aquatique vit dans des milieux humides de plaine : étangs, rivières, milieux alluviaux, marais, mares, canaux, tourbières, embouchures de fleuve ou petits torrents.
Sur notre territoire, nous la retrouvons sur la Réserve Naturelle Régionale de Saint-Bonnet (une centaine recensées), l’Espace Naturel Sensible de l’Étang de Fallavier (une dizaine) et elle pourrait bénéficier d’un milieu naturel favorable à l’Étang de la Gravière d’Écorcheboeuf.
Ces espaces relèvent du Département de l’Isère et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes mais la CAPI en est le gestionnaire. Nous menons depuis de nombreuses années une politique publique de préservation et de valorisation de ce patrimoine naturel et notamment des actions pour protéger la biodiversité.
La Tortue Cistude fait donc l’objet d’études et d’actions concrètes comme l’installation d’un solarium pour lui permettre de profiter du soleil et de bien se développer.
Concurrence déloyale
Une des menaces qui pèse sur la Tortue Cistude est la prolifération de la Tortue de Floride (Trachemys scripta), une mal nommée puisqu’elle est originaire de Louisiane à 10 000 km d’ici.
Mignone, de petite taille, peu chère, elle a connu son heure de gloire dans les années 80-90 où elle a été largement exportée et vendue en animalerie en Europe.
Mais de petit gabarit, l’espèce peut grandir jusqu’à 30 cm et se montrer compliquée à élever. Alors, souvent dépassés les propriétaires cherchent à s’en débarrasser se tournant souvent vers l’étang le plus proche de chez eux. Désormais interdite à la vente en Europe, les tortues continuent d’être relâchées. Et c’est là que les choses se compliquent ! Elles peuvent vivre de 30 à 50 ans et elles rentrent alors en concurrence avec notre Cistude.
En effet, elles ont le même régime alimentaire carnivores. Il y a donc un effet sur la disponibilité de la nourriture mais elles monopolisent aussi les meilleurs emplacements au soleil ! Plus costaudes, elles délogent sans remord ses cousines françaises. Des positions vitales pourtant pour la Cistude qui en a besoin pour se chauffer et bien se développer.
Une opération de prévention
Nous agissons toute l’année pour préserver la biodiversité sur nos espaces naturels. Nous cherchons à maintenir un équilibre entre environnement et activités humaines en protégeant la faune et la flore de la CAPI. La Tortue Cistude fait partie des espèces pour lesquels notre équipe environnement agit.
Pour éviter la prolifération des Tortues de Floride, nous menons des opérations de prélèvement en mai et juin (période de reproduction où elles sont le plus actives) grâce à l’intervention de l’ACCA (Association Communale de Chasse Agréée) de Saint-Quentin-Fallavier.
Que faire alors de toutes ces tortues ?
Nous avons mis en place un partenariat avec le Centre de Récupération des Tortues Nord Américaines, installé au sein même du Parc de la Tête d’Or à Lyon.
Nous y transportons les individus capturés et les confions aux soigneurs animaliers du Parc.
Le parc zoologique possède plusieurs bassins adaptés à l’espèce. Ces bassins leur permettent de présenter ces espèces exotiques envahissantes au public et de les sensibiliser à la problématique de rejet des Tortues de Floride dans le milieu naturel.
Notre Cistude retrouve un peu de quiétude et les Tortues de Floride abandonnées peuvent couler des jours heureux auprès de leurs congénères.
Aidez-nous à protéger la Cistude
Agissez avec nous ! Soyons le premier maillon de la chaîne permettant de protéger la Cistude en ne relâchant jamais vos tortues dans la nature ! C’est encore le plus sûr moyen qu’elles ne concurrencent pas cette espèce endémique de nos milieux naturels.
Si vous êtes dépassé par votre tortue ou si vous n’êtes plus en mesure de l’accueillir chez vous, déposez-la à la Primaterie du Parc de la Tête d’Or entre mi-avril et mi-octobre (les dates exactes dépendant des températures).
Avant que la prochaine hibernation n’arrive, vous avez donc que jusqu’au mois d’octobre !
Pour cela, il vous suffit de vous présenter à la primaterie (bâtiment en face des panthères) entre 10h et 17h en semaine (sauf le mardi) et 10h à 12h30 le weekend. Vous remplirez un certificat de cession. Les soigneurs prendront en charge votre tortue, un vétérinaire s’assurera de sa bonne santé. Après quelques jours en observation, elle rejoindra ses congénères.
Les tortues ne sont pas récupérées durant la saison froid. Durant cette période, les tortues hibernent naturellement sous l’eau.
Pour plus d’informations concernant le centre de récupération des tortues de Floride, vous pouvez contacter le Parc Zoologique de Lyon à l’adresse mail suivante : jardin.zoologique@nullmairie-lyon.fr
Vidéo : @CAPI, @CGN Prods, @Christian Chevallier. Images au Parc de la Tête d’Or filmées avec l’aimable autorisation du Zoo de Lyon et de la Direction des Espaces Verts de la Ville de Lyon.
Crédits Photos : CAPI, Henry Giroud.